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FRACASSINES  -  PAROLES

LES ASSASSINS

 

1

Les assassins sont réveillés

Ils ont allumé leurs chandelles

Les assassins de bon matin

Vont faire grincer leurs violoncelles

 

Les assassins vont en chantant

En rang par deux, main dans la main

Les assassins sont rutilants

Avec leurs bottes et leurs collants

 

Tout cela finira mal

Tout cela finira mal

2

Les assassins sont dans les lieux

Ils ont des masques et des gants noirs

Les assassins n’ont peur de rien

Ils resteront là jusqu’au soir

 

Les assassins du 212

Sont entrés par la fenêtre

Les assassins du 213

Sont passés par la cheminée

 

BRIDGE

Si tu entends des chuchotements

Ne répond pas

Si tu entends parler tout bas

Ne répond pas

Si tu entends des petits pas

Ne répond pas

Si tu entends frapper chez toi

Ne répond pas.

Si tu entends crier ton nom

Non.

Ne répond pas

Ne répond pas
Ne répond pas

 

3

Les assassins sont souriants

Quand ils vous demandent du feu

Les assassins ne sentent rien

Quand les flammes lèchent leurs yeux

 

Les assassins sont forts et fiers

Ils n’ont pas peur du glas qui sonne

Les assassins sont pointilleux

Ils ne veulent oublier personne

 

Tout cela finira mal

Tout cela finira mal

 

 

SON OMBRE

 

Il fait chaud il fait peur il fait nuit

Et à force de ne rêver que d’elle

Les songes débordent de leur lit

Et s’épanchent dans les ruelles

 

Mon amour. Ou es-tu ?
Je ne vois plus ton ombre

Mon amour, que fais tu

Cette chambre est si sombre

Mon amour, ou es-tu ?

Je n’entends plus ta voix

 

Il fait froid il fait peur il fait jour

Et il craint le matin qui l’éveille

Pendu aux basques du sommeil

Il s’accroche aux vestiges de l’amour

 

Il fait froid il fait gris il fait peur

Pas un signe pas un bruit pas un pleur

Les heures meurent mais ne sonnent plus

Les portes grincent mais ne s’ouvrent plus

 

Mon amour. Ou es-tu ?

 

 

 

PARIS, PARIS, PARIS, PARIS

 

De tous les lieux de mon enfance

Ni Orléans ni Beaugency

Ni Notre Dame de Cléry

Mais bien Paris, Paris, Paris, Paris

 

Métro de bois et de Fayence 

Chemin de croix ou de plaisance

Les poètes et leurs correspondances

Et­ puis la pluie, la pluie, la pluie, la pluie.

 

Ne surtout jamais ne surtout jamais

Jamais retourner sur les lieux du crime 

Ne surtout jamais ne surtout jamais

Remuer le ciel, remuer la terre

 

De tous les dieux de mon enfance

Ne reste qu’un peu de poussière

Fumée grise, et gout de rance

Et puis Paris,Paris, Paris, Paris.

 

Le père, la mère les frères Lachaise

Les cendres étouffent déjà la braise

Tremblements et plâtre moite

Et puis la pluie, la pluie, la pluie, la pluie.

 

Chorus

 

De tous mes souvenirs de France

Ni la Navarre et ni Drancy

Ni les falaises de Clécy

Mais bien Paris, Paris. Paris, Paris

 

Sous les combles et dans les décombres

Vienne la nuit coulent les larmes

Sur les tombes et dans l a pénombre

Tombe la pluie, la pluie, la pluie, la pluie,

la pluie, la pluie, la pluie, la pluie

 

FRACASSINES

 

Sur les hauts de l’Agalie

La renommée des Fracassines

Est la risée des Sinusines

 

Brulent les glycines !

 

Sur les bas de l’Euragie

Les argilets de Ravagine

Et les deux nargilets d’Ugine

 

Flambent les racines!

           

Les Palomères au rire austere

Sous les pavés mangent la terre

Et ses racines jusqu'à la lie.

 

Fument les gâtines!

 

Chantez, criez,  carrillonez !

Debout dedans la maisonnée !

Dansez dansez du bout du nez !

 

Dansent les Capucines !

 

 

LA POULIE

 

La poulie qu’on voit glisser

Sur la corde tendue

Grince à peine

Quand pourtant elle est rouge

Et rongée de rouille

 

Et la corde elle même

Qui hier était lisse et neuve

Est meurtrie par le fer qui se venge

De sa vieillesse précoce

 

Et la pluie qui tombe

Et à quai et au large 

Gonfle le chanvre

Et mouille les cargos de rouille

L’AGE D’OR

 

1

Ma mie te souviens-tu temps béni ?

Les baobabs veillaient sur nos savanes

Et les pavanes berçaient nos nuits

Te souviens-tu du cri des guêpiers dans la plaine ?

 

Les rivières courraient vers la mer  

Et le tonnerre grondait sur terre

 

2

Ma mie te souviens-tu des jours anciens ?

Nos âmes sans défauts vivaient dans des châteaux

Ivres d’alexandrins et de vin

Te souviens-tu du bruit des fusils dans la plaine ?

 

Le soleil se ruait vers la mer  

Et la misère pleurait sous terre

 

 

3

Ma mie te souviens-tu des jours heureux ?

La mer était plus chaude et le soleil était plus bleu

La grêle tombait déjà sur nos atolls

Te souviens-tu du chant du canon dans la plaine ?

 

Les enfants couraient vers leur mère

Et les corps criaient sous terre.

POUR EN FINIR AVEC LA NOSTALGIE

 

La nostalgie est la maladie mortelle

N’en déplaise à Kierkegaard

La nostalgie et ses pénibles séquelles

Font plus mal que le désespoir

 

Le désespoir, Le désespoir…

 

Mettons à bas tout ce qui fut

Ne tardons plus, ne tardons plus

Appelons les démolisseurs

Au feu les fleurs, au feu les feuilles

Et les regrets aussi

 

 

La nostalgie, cette incurable maladie

Ronge les âmes et les vieux os

La nostalgie et ses trésors de pacotille

Sonne l’angoisse et la mélancolie

La mélancolie

La mélancolie…

 

Mettons à bas tout ce qui fut…

 

La nostalgie est un poison

Le souvenir une chimère

Délétère

Délétère

Une affliction mortelle   

 

 

LE BOSSU

 

Son père l’a marié à un bossu

Son père l’a marié à un bossu

Le premier jour de ses noces il l’a battu

 

Tu ne la voiras plus petit bossu ta femme

 

Le premier jour de ses noces il l’a battu

Le premier jour de ses noces il l’a battu

Elle s’en alla au jardin prier Vénus

 

Tu ne la voiras plus petit bossu ta femme

 

Elle s’en alla au jardin prier Vénus

Elle s’en alla au jardin prier Vénus

Et la prière qu’elle a faite est advenue

 

Tu ne la voiras plus petit bossu ta femme

 

Et la prière qu’elle a faite est advenue

Et la prière qu’elle a faite est advenue

Elle a trouvé le bossu mort sur ses écus

 

Tu ne la voiras plus petit bossu ta femme

 

Elle a trouvé le bossu mort sur ses écus

Elle a trouvé le bossu mort sur ses écus

Et elle l’a fait ensevelir dans de la glu

 

Tu ne la voiras plus petit bossu ta femme

 

 

ABEL ET MARIBELLE

 

Maribelle

Fais toi belle

Mets tes mains

Sur la pelle

 

Maribelle

Tiens-toi droite

Oui je crois

Qu’on m’appelle

 

Maribelle

Ne crains rien

Même si j’ai la peau

Qui pèle

 

Maribelle

Je sais bien

Que le chagrin

Est laid

 

Le chagrin est laid

 

Maribelle

Bats des ailes

Ris bien haut

Ris bien fort

 

Maribelle

Et mon sein

Et mes reins

Sont mortels 

 

Maribelle

Je sais bien

Ce destin

Est cruel

 

Mais que faire

Maribelle

Oui le chagrin est laid

Oui le chagrin est laid

Mais pas question

De manquer à l’appel

Maribelle

 

 

Maribelle

Mets tes mains

Sur le manche

Mets ton pied

Sur la pelle

 

Et creuse

Et creuse

 

 

 

OH QU’IL EST DOUX !

 

A

Oh qu’il est doux d’aimer ce qui n’est plus

Oh qu’il est doux !

Oh qu’il est doux d’adorer ce qui dort

Oh ce qui dort !

 

B

Qu’il est doux de boire

Le vin gâté des jours lointain

Qu’il est doux sur nos os

Le vent glacé du temps passé

Et la boue, la boue

Du temps jamais retrouvé

 

A

Oh qu’il est doux d’aimer ce qui est mort

Oh qu’il est doux !

Oh qu’il est doux d’adorer ce qui dort

Oh ce qui dort !

 

C

As-tu donc repêché ce sac jeté en Seine ?

Faut-il bruler les vestiges et saccager les tombes ?

Faire fondre les neiges d’antan…

Serait-il plus doux d’adorer Satan ?

           
A

Oh qu’il est doux d’aimer ce qui n’est plus

Oh qu’il est doux

Oh qu’il est doux d’adorer ce qui dort

Oh ce qui dort

 

B

Qu’il est doux le chant

De tous tes fantômes fanés

Qu’il est doux sur nos peaux

Le suaire noir du souvenir

Et la boue, la boue

Sur tes semelles trouées

 

A

Oh qu’il est doux d’aimer ce qui est mort

Oh qu’il est doux

Oh qu’il est doux d’enterrer ce qui meurt

Oh ceux qui meurent

 

 

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LES GOLFES CLAIRS

 

Quand il fera froid dans les bois, l’hiver

Et qu’il tombera d’l’eau sur ma tombe, le soir

Quand ma moelle s’mêlera à la boue où pataugerons les vers

Je crois qu’alors seulement j’n’aurais plus peur du noir

Plus peur le soir

 

La mort, j’l’ai vu danser, au fond des golfes clairs

Je passe, des nuits blanches, à écraser des araignées

Des araignées, des araignées, des araignées

 

Les trombes auront beau l’air de me glacer les os

J’n’aurais ni froid ni chaud ni au pied ni dans l’dos

Les idées noires et les cauchemars sous mon tombeau mouillé

Je n’s’rais plus là pour les rêver moi qui s’rais tout éparpillé

 

La mort, j’l’ai vu danser, au fond des golfes clairs

Je passe, des nuits blanches, à écraser des araignées

Des araignées, des araignées, des araignées

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